{"id":1441,"date":"2021-05-03T13:59:21","date_gmt":"2021-05-03T10:59:21","guid":{"rendered":"https:\/\/traduc71.com\/?p=1441"},"modified":"2021-05-03T14:02:58","modified_gmt":"2021-05-03T11:02:58","slug":"de-la-richesse-et-la-mode","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/traduc71.com\/fr\/de-la-richesse-et-la-mode\/","title":{"rendered":"De la richesse et la mode"},"content":{"rendered":"\n
Quelques chiffres : le fran\u00e7ais usuel comprend environ 32.000 mots. L’anglais a pr\u00e8s de 10 fois plus de mots que le fran\u00e7ais. L’h\u00e9breu de la Bible ne compte que 8000 mots distincts.<\/p>\n\n\n\n
Les trois langues sont indiscutablement \u00ab riches \u00bb. Mais \u00e0 quoi se mesure la richesse d’une langue ? Les donn\u00e9es ci-dessus suffisent pour conclure : pas au nombre de mots du dictionnaire. La richesse a-t-elle rapport au volume de la phrase, ou en d’autres termes \u00ab au poids \u00bb ? Etant traductrice, je sais bien que la traduction vers le fran\u00e7ais d’un livre en h\u00e9breu a pr\u00e8s d’un tiers de pages de plus que l’original. S’il s’agit de publicit\u00e9 ou de po\u00e9sie, deux genres o\u00f9 la concision est de mise, la diff\u00e9rence de rapport est encore plus frappante. En fait, chaque langue a son propre g\u00e9nie, et traduire est bien plus que calquer une langue dans une autre. L’h\u00e9breu est bref sans \u00eatre sommaire. Sa beaut\u00e9 est dans sa forme succincte. J’aime l’id\u00e9e qu’on puisse dire de jolies choses en peu de mots. <\/p>\n\n\n\n
L’h\u00e9breu ne manque pas pour autant de vocabulaire. Pour le prouver, prenons pour exemple un domaine qui est la marque-m\u00eame de l’excellence fran\u00e7aise : l’habillement. En fran\u00e7ais, on \u00ab met \u00bb ou on \u00ab porte \u00bb invariablement une robe, un costume, une chemise, un chapeau, une ceinture, des chaussettes, des chaussures, une cravate, un soutien-gorge, des gants, des lunettes, un foulard ou un bijou.<\/p>\n\n\n\n
La pr\u00e9cision de l’h\u00e9breu a en la mati\u00e8re de quoi faire p\u00e2lir de jalousie la langue des grands couturiers de la place Vend\u00f4me puisqu’il existe un verbe diff\u00e9rent pour chacune de ces op\u00e9rations.<\/p>\n\n\n\n
\u05dc\u05d5\u05d1\u05e9\u05d9\u05dd (lovchim<\/em>) une robe, un costume, une chemise, mais \u05d7\u05d5\u05d1\u05e9\u05d9\u05dd (hovchim<\/em>) un chapeau, \u05d2\u05d5\u05e8\u05d1\u05d9\u05dd (gorvim<\/em>) des chaussettes [\u05d2\u05e8\u05d1\u05d9\u05d9\u05dd en h\u00e9breu], \u05e0\u05d5\u05e2\u05dc\u05d9\u05dd (noalim<\/em>) des chaussures [\u05e0\u05e2\u05dc\u05d9\u05d9\u05dd naalaim<\/em> en h\u00e9breu], des sandales ou des bottes, \u05e2\u05d5\u05e0\u05d1\u05d9\u05dd (onvim<\/em>) ou \u05e7\u05d5\u05e9\u05e8\u05d9\u05dd (kochrim<\/em>) une cravate [\u05e2\u05e0\u05d9\u05d1\u05d4 aniva<\/em> en h\u00e9breu], \u05e8\u05d5\u05db\u05e1\u05d9\u05dd (rohsim<\/em>) un soutien-gorge, \u05dc\u05d5\u05d1\u05e9\u05d9\u05dd ou \u05e2\u05d5\u05d8\u05d9\u05dd (otim<\/em>) une robe de chambre, un manteau, un foulard ou des gants et \u00e9videmment \u2013 pand\u00e9mie oblige \u2013 un masque, \u05d7\u05d5\u05d2\u05e8\u05d9\u05dd (hogrim<\/em>) une ceinture [\u05d7\u05d2\u05d5\u05e8\u05d4 hagoura<\/em> en h\u00e9breu], \u05e2\u05d5\u05d3\u05e0\u05d9\u05dd (odnim<\/em>) un bijou [\u05e2\u05d3\u05d9 adi<\/em> en h\u00e9breu], et \u05de\u05e8\u05db\u05d9\u05d1\u05d9\u05dd (markivim<\/em>) des lunettes ou des verres de contact.<\/p>\n\n\n\n Pour se d\u00e9faire de ces v\u00eatements ou accessoires, \u05e4\u05d5\u05e9\u05d8\u05d9\u05dd (pochtim<\/em>) des habits (robe, chemise, pantalons etc.) ou un uniforme, mais \u05de\u05e1\u05d9\u05e8\u05d9\u05dd (messirim<\/em>) une robe de chambre, des gants, un chapeau, des lunettes, un foulard ou un bijou et \u05de\u05ea\u05d9\u05e8\u05d9\u05dd (matirim<\/em>) une ceinture ou une cravate, \u05e4\u05d5\u05ea\u05d7\u05d9\u05dd (pothim<\/em>) un soutien-gorge, une tirette ou des boutons et \u05d7\u05d5\u05dc\u05e6\u05d9\u05dd (holtsim<\/em>) une chaussure ou des bottes.<\/p>\n\n\n\n C’est qu’il ne suffit pas d’\u00eatre \u00ab\u00a0bien mis\u00a0\u00bb, encore faut-il bien le dire !<\/p>\n\n\n\n Ce post est tir\u00e9 du livre de Fabienne Bergmann, L\u2019h\u00e9breu parle aux Fran\u00e7ais<\/em>, Editions Lichma, disponible dans les librairies fran\u00e7aises d’Isra\u00ebl, en France et sur le site\u00a0https:\/\/www.lichma.fr<\/a><\/strong><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Quelques chiffres : le fran\u00e7ais usuel comprend environ 32.000 mots. L’anglais a pr\u00e8s de 10 fois plus de mots que le fran\u00e7ais. L’h\u00e9breu de la Bible ne compte que 8000 mots distincts. Les trois langues sont indiscutablement \u00ab riches \u00bb. Mais \u00e0 quoi se mesure la richesse d’une langue ? Les donn\u00e9es ci-dessus suffisent pour conclure : …<\/p>\n