{"id":1451,"date":"2021-09-13T13:12:05","date_gmt":"2021-09-13T10:12:05","guid":{"rendered":"https:\/\/traduc71.com\/?p=1451"},"modified":"2021-09-13T13:16:52","modified_gmt":"2021-09-13T10:16:52","slug":"pour-le-meilleur-et-pour-le-pire","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/traduc71.com\/fr\/pour-le-meilleur-et-pour-le-pire\/","title":{"rendered":"Pour le meilleur et pour le pire"},"content":{"rendered":"\n
Yom Kippour<\/em> est aussi d\u00e9sign\u00e9 sous la forme plurielle de Yom Hakipourim<\/em>. On le traduit souvent par \u00ab Jour du Grand Pardon \u00bb, mais \u00ab jour d’expiation \u00bb serait plus pr\u00e9cis. Ce jour o\u00f9 se scelle notre sort, on se salue d’un \u05d7\u05ea\u05d9\u05de\u05d4 \u05d8\u05d5\u05d1\u05d4 (hatima tova<\/em>), <\/em>litt\u00e9ralement : bonne signature, exprimant bien l’enjeu du jour. La kapara<\/em> repr\u00e9sente l’acte ou la contrition devant amener le pardon.<\/p>\n\n\n\n La veille du jour le plus redoutable de l’ann\u00e9e juive, la coutume est de faire des Kaparot<\/em> en faisant tourner un coq au dessus de la t\u00eate pour lui faire symboliquement endosser tous nos p\u00e9ch\u00e9s. La sc\u00e8ne marque forc\u00e9ment les esprits et elle a donn\u00e9 naissance \u00e0 une des expressions les plus imag\u00e9es de la langue h\u00e9bra\u00efque : \u05de\u05d1\u05d9\u05d8 \u05db\u05ea\u05e8\u05e0\u05d2\u05d5\u05dc \u05d1\u05d1\u05e0\u05d9 \u05d0\u05d3\u05dd (mabit k\u00e9tarn\u00e9gol bevnei adam<\/em>), soit litt\u00e9ralement : \u00ab regarder comme un coq regarde les humains \u00bb. Elle s’applique \u00e0 quelqu’un qui a un regard ahuri et ne comprend pas ce qui se passe autour de lui. Elle traduit en fait le m\u00eame ph\u00e9nom\u00e8ne que son \u00e9quivalent fran\u00e7ais: \u00ab regarder avec des yeux de merlan frit \u00bb. Une image animale concr\u00e8te existe bien dans les deux langues, mais la r\u00e9f\u00e9rence est tout autre. Si l’\u00e9vocation culinaire de l’une s’inscrit bien dans la culture fran\u00e7aise, le coq de l’autre n’a rien de gaulois. Il est express\u00e9ment celui des kaparot<\/em>, qui ne comprend mais \u00e0 ce qui lui arrive alors que, tenu dans une main, on le fait tournoyer maintes fois au dessus de la t\u00eate (ou des t\u00eates de toute une famille) en r\u00e9citant des propos, pour le moins \u00e9tranges pour un gallinac\u00e9, lus dans le livre de pri\u00e8res tenu de l’autre main. Le coq se retrouve donc face \u00e0 des signes (des mots) qu’il ne peut \u00e9videmment d\u00e9chiffrer: \u05d1\u05e0\u05d9 \u05d0\u05d3\u05dd \u05d9\u05d5\u05e9\u05d1\u05d9 \u05d7\u05d5\u05e9\u05da \u05d5\u05e6\u05dc\u05de\u05d5\u05ea (bnei adam yochv\u00e9 hocheh ve tsalmavet<\/em>), humains demeurant dans les t\u00e9n\u00e8bres\u2026. A ce moment crucial \u2212 et pour le moins \u00e9trange dans la destin\u00e9e animale \u2212 ce n’est ni celui qui le brandit ni sa famille (donc des humains, comme on le croit parfois) que regarde le pauvre coq, mais bien les mots \u05d1\u05e0\u05d9 \u05d0\u05d3\u05dd(bn\u00e9 adam<\/em>), humains, par lesquels commence l’incantation, qui sont inscrits dans le livre de pri\u00e8res face auquel il est tenu. Il est certain que son regard, alors, ne peut \u00eatre celui de la compr\u00e9hension ! <\/p>\n\n\n\n Dans un registre beaucoup moins sophistiqu\u00e9, on peut couramment entendre une autre expression \u00e9voquant le m\u00eame c\u00e9r\u00e9monial : \u05e6\u05e8\u05d9\u05da \u05d0\u05d5\u05ea\u05d5 \u05dc\u05db\u05e4\u05e8\u05d5\u05ea (tsarih oto lekaparot<\/em>) signifiant ironiquement \u00ab on n’en a nul besoin \u00bb ou \u00ab il ne nous manquait plus que \u00e7a \u00bb.<\/p>\n\n\n\n On notera aussi, dans le langage parl\u00e9, l’exclamation Kapara !, <\/em>avec accent tonique sur la deuxi\u00e8me syllabe,<\/em> que l’on lance quand arrive quelque chose de d\u00e9sagr\u00e9able pour souhaiter que l’\u00e9v\u00e8nement en question survienne \u00e0 la place d’un autre, beaucoup plus p\u00e9nible. On entendra aussi \u00a0\u05db\u05e4\u05e8\u05d4 \u05e9\u05dc\u05d9(Kapara ch\u00e9li<\/em>), mot d’affection adress\u00e9 \u00e0 une personne aim\u00e9e, accompagnant souvent un compliment\u2026 pour \u00e9loigner le mauvais \u0153il.\u00a0 <\/p>\n\n\n\n Ce post est tir\u00e9 du livre de Fabienne Bergmann, L\u2019h\u00e9breu parle aux Fran\u00e7ais<\/em>, Editions Lichma, disponible dans les librairies fran\u00e7aises d’Isra\u00ebl, en France et sur le site\u00a0https:\/\/www.lichma.fr<\/a><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Yom Kippour est aussi d\u00e9sign\u00e9 sous la forme plurielle de Yom Hakipourim. On le traduit souvent par \u00ab Jour du Grand Pardon \u00bb, mais \u00ab jour d’expiation \u00bb serait plus pr\u00e9cis. Ce jour o\u00f9 se scelle notre sort, on se salue d’un \u05d7\u05ea\u05d9\u05de\u05d4 \u05d8\u05d5\u05d1\u05d4 (hatima tova), litt\u00e9ralement : bonne signature, exprimant bien l’enjeu du jour. …<\/p>\n