Hymne à la joie

La fête de Soukot, appellée dans la Thora זמן שמחתנו (zman simhaténou), le temps de notre réjouissance, est intimement liée à la joie,  שמחה(simha).

שמחה associée à ששון  (sasson) dans la septième bénédiction du mariage qui évoque aussi גילה, רינה, דיצה וחדוָה, (guila, rina, ditza et hedva), a encore d’autres synonymes comme גיל (guil) et les plus rares עליזה (aliza), צהלה (tsahala), תפארת (tiférèt), משוש (massos), עליצה (alitza), sans oublier les populaires כיף (kef) ou כיף חיים (kef haïm).

Cette abondance de termes est étonnante pour un peuple dont l’histoire n’a pas toujours été rose et qui, dans les moments les plus privilégiés comme la cérémonie du mariage justement − où le marié place solennellement Jérusalem au-dessus de toute réjouissance : אעלה את ירושלים על  ראש שמחתי (éalé èt yeroushalaïm al roch simhati) −  met toujours un bémol à son exultation. C’est que le passage de l’affliction à la joie, מיגון לשמחה (miyagon lesimha) est toujours possible !

Mais c’est bien parce qu’on entend profiter pleinement de chaque réjouissance qu’on n’en célèbre qu’une à la fois, comme le veut l’injonction אין מערבבים שמחה בשמחה (eyn mearbevim simha besimha) communément employée aujourd’hui, et qu’on peut traduire par « on ne mélange pas les plaisirs ».

Notons que le couple ששון ושמחה (sasson ve-simha) de la bénédiction nuptiale peut s’intervertir et שמחה וששון (simha ve-sasson) qui marque une grande joie, s’emploie aussi sur un ton moqueur pour marquer tout le contraire, comme d’ailleurs son expression-sœur:  שמחה והילולה (simha ve-hiloula).

Le mot שמחה est très courant. Il vient de la racine ש’מ’ח’ qui apparait 270 fois dans la Bible.

Pour chaque fête, on se souhaite חג שמח (hag saméah). La Michna (Avot IV, 1) nous explique qui est riche :השמח בחלקו  (hasaméah behelko), celui qui se contente de ce qu’il a. Dans le langage parlé, לעשות שמח (laassot saméah) signifie mettre de l’ambiance, mais aussi « mettre du désordre » et de quelqu’un d’excellente humeur on dira qu’il est שמח וטוב לב (saméah vetov lev).

La joie, il y a pour tous les goûts. Le méchant se réjouit du malheur de l’autre et fait éclater une malsaine שמחה לאיד (simha leéid) ; les démunis se réjouissent de pas grand-chose, שמחת עניים (simhat aniim), littéralement la joie des pauvres ; tandis que l’éternel blasé réagira toujours par un méprisant שמחת זקנתי (simhat zkénti), littéralement : joie de ma vieillesse (ou de ma grand-mère) qui est l’équivalent du

« qu’est-ce que cela peut me faire » français. Mais je vous conseillerais plutôt laשמחת היצירה (simhat hayetsira) ou חדוות היצירה (hedvat hayetsira), qui marque le sentiment de joie et d’élévation qu’on tire d’une activité créative et ne peux que vous souhaiter une grande שמחת חיים (simhat haïm) ou חדוות החיים (hedvat haïm), la joie de vivre.

Et si nous nous rencontrons à Hol Hamoed, vous me saluerez d’un מועדים לשמחה (moadim lesimha) auquel je répondrai avec empressement חגים וזמנים לששון (haguim uzmanim lessasson). L’essentiel est qu’on ne se voit qu’en de bonnes occasions,שיהיה בשמחות (shé-yihé besmahot) !

Ce post est tiré du livre de Fabienne Bergmann, L’hébreu parle aux Français, Editions Lichma, disponible dans les librairies françaises d’Israël, en France et sur le site https://www.lichma.fr

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