Soukot porte aussi le nom de fête des moissons, חג האסיף (hag haassif) ou fête de l'eau, חג המים (hag hamayim). Quatre espèces s'assemblent et caractérisent la fête : la branche de palmier (loulav), le cédrat, אתרוג (etrog), le myrte, הדס (hadas) et le saule, ערבה (arava). La Bible ne mentionne pas le mot etrog, mais parle de פרי עץ הדר (peri ets hadar), l'agrume. Le cédrat est en effet le premier agrume venu en Terre d'Israël. Le mot etrog apparaît à plusieurs reprises dans la Michna. Il vient du perse turung qui veut dire verdâtre-jaunâtre.
Il est notoire qu'il faut faire très attention à ce que l'etrog garde sa forme et ne soit pas abimé. On le conserve donc précieusement dans un étui protecteur ou une boite spéciale. C'est justement pour exprimer l'idée de préciosité et de conservation qu'un journaliste créa, dans la période précédant le retrait unilatéral de Goush Katif, le verbe לאתגר (leatreg), s'appliquant à Sharon, à partir du mot etrog. Avec sa racine de quatre lettres, il se conjugue sur le mode piyel, d'autant que sa connotation d'intensité convient parfaitement à sa sémantique. Le mot − dont on ne saurait plus se passer − est utilisé dans le contexte politique israélien pour exprimer l'action de préserver et d'éviter de critiquer publiquement une personnalité politique. Selon ce journaliste, il fallait לאתרג את שרון (leatreg èt Sharon), préserver Sharon, et donc taire ses déboires financiers et ne pas s'étendre sur les soupçons de corruption pesant sur lui afin qu'il puisse mener à bien sa politique, allant dans le sens souhaité par certains. Pour les Israéliens ou les familiers de la langue hébraïque, le sens du néologisme fut intelligible dès son apparition et le mot s'inséra tout naturellement dans la langue.
Un autre concept intéressant se rapportant à Soukot est אושפיזין(ouchpizin), les invités. Le mot est lui aussi d'origine perse et il est entré dans la langue par le biais de l'araméen − ouchpiza étant une hôtellerie. On n'est pas sans remarquer la parenté du mot ouchpizin avec אשפוז (ichpouz), hospitalisation, ouלאשפז (leachpez), hospitaliser. Certes, on n'hospitalisera pas les ouchpizin, mais on leur donnera l'hospitalité, tout comme on le fait en français pour les invités (les hôtes). La ressemblance lexicale est la même ! Un bien-portant, même s'il n'est selon le Docteur Knock qu'un malade qui s'ignore, ne viendra pas à l'hôpital (du latin hospitalis), pour son plaisir. Il préfèrera l'hôtel ou l'hostellerie.
Ce post est tiré du livre de Fabienne Bergmann, L’hébreu parle aux Français, Editions Lichma, disponible dans les librairies françaises d’Israël, en France et sur le site www.lichma.fr