Bonne année

Le mot שנה (chana), année, dérive de la racine ש’נ’י’, laquelle peut aussi être à l’origine du mot שינוי (chinouy), changement. Chaque année, ponctuée par le changement des saisons –  עונות השנה(onot hachana) – n’est-elle pas différente de toutes les autres ? Dans notre monde  הולך ומשתנה (holekh oumichtané), en transformation constante, tout est différent –  שונה(choné) – de ce qu’on connaissait et certains changements peuvent paraître franchement משונים (mechounim, pluriel de ,משונה mechouné), bizarre.

Les années –  שנים(chanim) –  se suivent et ne se ressemblent pas. On se souvientשנים רבות (chanim rabot), pendant des années, des שְׁנוֹת הָעֶשְׂרֵה (chenot haéssré), ces années entre 10 et 19 ans dans le nom desquelles intervient le mot עשרה (essré), les années d’adolescence. Vous aurez noté au passage que le pluriel שנים (chanim), devient שנות- (chenot) à l’état construit, soit devant un nom.

De la racine ש’נ’י’ dérivent deux verbes aux sens pratiquement contraires :שינה  (china), changer, modifier, au mode piyel et שנה (chana), répéter, au mode paal. Le premier, d’usage courant, nous a donné entre autres l’expression élégante שינה את טעמו (china èt ta’amo), changer d’avis, et celle, couramment employée dans la conversation, לא משנה (lo mechané), peu importe. Le second,לִשְנות  (lichenot) à l’infinitif, est littéraire et signifie refaire une certaine action et plus spécifiquement répéter, citer une seconde fois et, par extension, apprendre. Le nom de משנה (Michna), donné au commentaire de la Thora, exprime bien cette idée de reprise et d’étude. Notons qu’elle est l’œuvre des תנאים (Tanaïm), nom donné à ses Sages, selon la version araméenne du même concept.

נשנה (nichna) est quelque chose qui se répète et d’un phénomène récurent on diraחזר ונשנָה (hazar venichna), au passé, ou חוֹזֵר וְנִשְׁנֶה (hozer venichné), au présent.

מדי שנה בשנה (midey chana bechana), chaque année, ביום השנה (beyom hachana), le jour anniversaire, de la fondation de son imprimerie, le patron publiait לוח שנה (louah chana), un calendrier, indiquant מניין השנים (minyan hachanim), le compte des années par rapport à tel ou tel évènement, mettant ainsi en évidence que la révolte de Bar-Kohba éclata בשנת 62 לחורבן (bechnat 62 lehourban), 62 ans après la destruction du Temple, ou que tel pape לא הוציא את שנתו (lo hotsi èt chnato), était mort la même année, où il avait été élu. במרוצת השנים (bemeroutsat hachanim), au cours des ans, notre imprimeur, alors במיטב שנותיו (bemeytav chnotav), dans ses meilleures années, au summum de sa carrière, imprima aussi des שנות טובות (chanot tovot), des cartes de vœux pour la nouvelle année, qu’il illustra de photos de famille et אַחַת לשנה (ahat lechana), une fois par an, on put le voir רך בשנים (rakh bechanim) à l’âge tendre, très jeune, figurer au-dessus des formules traditionnelles :תכלה שנה וקללותיה  (tikhlé chana vekilelotéa), que cette année et ses troubles se termine ; תחל שנה וברכותיה (tahel chana oubirkotéa), que commence une nouvelle année et ses bénédictions ; ou לשנה טובה תכתבו ותחתמו (lechana tova tikatévou vetihatémou), que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne année.

Ce post est tiré du livre de Fabienne Bergmann, L’hébreu parle aux Français, Editions Lichma, disponible dans les librairies françaises d’Israël, en France et sur le site https://www.lichma.fr

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