Tout droit sortis d’Egypte  

Si chacun sait que la sortie d’Egypte est une référence constituante pour le peuple juif, on sait moins que certains mots égyptiens se sont intégrés à l’hébreu et sont encore employés aujourd’hui dans le langage courant.

A peine sorti d’Egypte, le peuple se plaint et regrette les nourritures du pays d’esclavage (Nombres, XI : 5), et en particulier le אבטיח (avatiah), que la Bible du rabbinat traduit par melon et qui est le melon d’eau, la pastèque, aujourd’hui délectation estivale israélienne par excellence. Le terme viendrait de l’égyptien baţţich ou biţţich.

Le Nil, avec ses canaux d’irrigation, était la source de vie de l’Egypte. C’est là, dans ce que la Bible nomme יאור (yeor), que la fille du Pharaon trouva Moïse parmi les roseaux,  סוף(souf), de l’égyptien t-wfj (Exode II : 5). C’est elle, nous dit la Bible, qui nomma l’enfant, משה (Moshé), Moïse. « Elle lui donna le nom de Moïse, disant: Parce que je l’ai retiré des eaux », מִן-הַמַּיִם מְשִׁיתִהוּ (Min hamayim mechitihou), Exode, II : 10,  Le verbe משה (macha), notons-le, a toujours le sens de « retirer des eaux ». Mais elle l’appela sans doute ainsi d’après le verbe égyptien msy voulant dire donner naissance, le nom Moshé devant signifier dans son langage enfant ou fils.

Une autre particularité de l’Egypte est ses devins, les חרטומים (hartoumim) dont les prestiges étaient tels qu’on les appela pour rivaliser avec ceux de Moïse et d’Aron. Ils furent évidemment confondus, mais leur souvenir persiste dans notre langue et כתב חרטומים (ktav hartoumim), l’écriture des hartoumim, les magiciens d’Egypte, est le mot hébraïque pour hiéroglyphes et, par extension pour toute écriture illisible.

La navigation étant vitale au pays du Nil, on ne s’étonnera pas de l’importation dans notre langue du mot égyptien t’aj, bateau, devenu en hébreu צי (tsi), la flotte. De même, מזח (mézah), la jetée, la digue, le quai est un emprunt à l’égyptien mdh.

Le mot  תיבה(téva), qui aujourd’hui désigne la boîte, le coffret, le coffre ou la caisse vient sans doute du mot égyptien T-b-t, coffre, hautement significatif de cette civilisation du culte de la mort.

Deux autres termes d’origine égyptienne se rapportent à la végétation. L’un est אחו (ahou), le pré, la prairie, le pâturage, de l’égyptien acha ou achi, signifiant « était

vert »; l’autre est un arbre du désert, שיטה (chita), l’acacia, de l’égyptien šndt.

Une autre réminiscence égyptienne est sans doute le mot שנהב (chinhav), l’ivoire, mot composé des mots שן + הב (chen, la dent + hav), hav ou yav signifiant éléphant en ancien égyptien.

Et אבנט (avnèt), cette large ceinture en tissu que portait le Grand Prêtre, viendrait du verbe égyptien bnd, ceindre. Le mot désigne aujourd’hui la ceinture des Hassidim, gartel en yiddish.

Le moins qu’on puisse dire est qu’il s’agit là d’un long parcours !

Ce post est tiré du livre de Fabienne Bergmann, L’hébreu parle aux Français, Editions Lichma, disponible dans les librairies françaises d’Israël, en France et sur le site https://www.lichma.fr

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