Beaucoup de choses en Israël sont repoussées à plus tard. A la fin de l’été, ce temps se nomme אחרי החגים (aharé hahagim), « après les fêtes ».
Mais que sont les fêtes ?
Le terme חג (hag) dans la Bible ne s’applique qu’aux trois fêtes de pèlerinage, Pessah, Chavouot et Soukot, mais on le trouve aussi au sens large pour désigner un jour sanctifié, חג לה’ (hag lehachem), fête pour Dieu.
Le mot hag, de la racine ח’ג’ג’, s’apparente au verbe לחוג (lahoug), marcher en rond ou danser. La danse, nous dit la Bible à plusieurs reprises, était partie intégrante du cérémonial festif. Cependant, la caractéristique essentielle et incontournable du hag est le sacrifice, au point que le premier terme désigne parfois le second, notamment dans un verset (Psaumes 108 : 27) qui nous a donné l’expression אסרו חג (issrou hag) où אסורne signifie pas interdire, mais attacher. Cette expression désigne le lendemain ou huitième jour de la fête de Pessah ou de Soukot.
Fête est aussi מועד (moꜤed). On salue alors son prochain par מועדים לשמחה (moꜤadim lesimha) à quoi l’on répond חגים וזמנים לששון (hagim ou zmanim lesasson). Les moadim ne correspondent pas seulement aux hagim, mais aussi aux zmanim (les temps), moed n’étant pas seulement un jour de fête, mais aussi un temps fixé à l’avance. Les luminaires que Dieu créa le quatrième jour devaient être des moadim, soit des signes pour fixer le temps. MoꜤed vient de la racine ‘י’ע’ד (yaꜤad), but, la fête étant fixée à un temps particulier. Mais une autre signification de la fête découle de la racine ‘ו’ע’ד (proche de יעד) qui implique une qualité caractéristique des jours de fête où les gens se rencontrent,אנשים חוגגים נועדים/ מתוועדים זה עם זה . C’est pourquoi rendez-vous amoureux, réunion d’affaire ou conférence ne se concrétiseront que si le מועד (moꜤed) convient.
Nos fêtes religieuses sont aussi des מקראי קודש (mikraé kodesh). On y lit certes des portions de la Thora, mais mikra a ici le sens d’appeler plutôt que lire, car on appelait le peuple à se réunir.
Et qu’en est-il de רגל (réguel), s’appliquant aux fêtes de pèlerinage? Si on venait alors à pied à Jérusalem, la formule « 3 régalim » n’évoque ni cette expérience ni le trépied, mais désigne les trois fois où se faisait ce pèlerinage, רגל signifiant aussi פעם (paꜤam). Pas question ici de marche à pied, הליכה ברגל (haliha bareguel), laquelle n’a qu’un rapport indirect avec עלייה לרגל(Ꜥaliya lareguel), le pèlerinage. Les habitués de la marche qui chantent « Un kilomètre à pied » ou la « chanson des carabiniers » savent qu’il n’y a rien de tel pour marquer le rythme que de … « mettre un pied devant l’autre, gauche, gauche » ou, dans la version hébraïque, « une fois, deux fois », le concept réguel servant alors à compter. Dans un même esprit, פעימות לב (peꜤimot lev), les battements du cœur, sont le mode de compter originel et le plus naturel qui soit.
Ce post est tiré du livre de Fabienne Bergmann, L’hébreu parle aux Français, Editions Lichma, disponible dans les librairies françaises d’Israël, en France et sur le site https://www.lichma.fr